Le procès pour le vol et la revente de manuscrits de l’album légendaire « Hotel California » du groupe The Eagles a pris fin de manière abrupte mercredi. Les procureurs new-yorkais ont en effet décidé d’abandonner les poursuites contre les trois prévenus, créant ainsi la surprise générale au tribunal. Cette volte-face inattendue intervient alors que Don Henley, leader et cofondateur des Eagles, était venu témoigner à la barre pour se présenter comme la victime d’une « extorsion ».
Hotel California : Un revirement de situation surprenant au cœur du procès
Alors que le procès était en cours, l’un des procureurs du parquet de Manhattan, Aaron Ginandes, a déclaré : « La confiance de l’accusation dans la solidité de ce dossier n’est pas suffisante ».
Il a justifié cette décision par le versement tardif d’environ 6 000 pages de documents que la défense n’a pas pu exploiter, suite aux témoignages des différentes parties impliquées.
Le juge Curtis Farber, qui présidait le procès, a vivement critiqué l’attitude de Don Henley et de son manager Irving Azoff. Selon lui, ils auraient utilisé leur droit au secret pour se protéger d’un contre-interrogatoire approfondi et pour dissimuler des informations potentiellement préjudiciables à leur position.
Le magistrat a même affirmé que les procureurs avaient été « apparemment manipulés ».
Une affaire complexe remontant à la fin des années 1970
Le groupe The Eagles était au sommet de sa gloire à la fin des années 1970, notamment grâce à la sortie de sa première compilation « Their Greatest Hits (1971-1975) » et de l’album « Hotel California » en 1976.
C’est à cette époque que l’auteur et musicien Ed Sanders avait été engagé pour écrire une biographie du groupe. Il s’était alors vu confier des notes manuscrites ayant servi à l’écriture des paroles de plusieurs chansons, dont le célèbre tube « Hotel California ».
Cependant, la biographie n’a jamais vu le jour et Sanders n’a jamais restitué les précieux écrits. Pour Don Henley, il s’agit clairement d’un vol, mais la défense ne partage pas cet avis. Les manuscrits auraient ensuite été vendus en 2005 à Glenn Horowitz, un marchand de livres rares, qui les aurait lui-même cédés à Craig Inciardi et Edward Kosinski. Leur valeur était estimée à plus d’un million de dollars au moment de l’inculpation des prévenus en 2022.
Don Henley déterminé à faire valoir ses droits
Malgré l’abandon des poursuites, Don Henley reste convaincu d’être la victime dans cette affaire. Son avocat, Dan Petrocelli, a d’ailleurs réaffirmé à plusieurs médias américains que son client ferait valoir ses droits devant les juridictions civiles.
Lors de son témoignage au tribunal le 26 février dernier, le chanteur et batteur des Eagles, aujourd’hui âgé de 76 ans, avait assuré que ces manuscrits étaient « le produit de notre travail », contenant « les choses stupides qu’on écrivait » avant d’aboutir à l’œuvre définitive.
Il avait également souligné que ces écrits n’étaient pas destinés à être vus ni vendus.
Une fin abrupte pour un procès très attendu
Ce procès, qui devait faire la lumière sur une affaire vieille de plusieurs décennies, s’est donc terminé de façon inattendue. Les trois prévenus, Craig Inciardi, ancien conservateur du musée du Rock and Roll Hall of Fame de Cleveland, Glenn Horowitz, marchand de livres rares, et Edward Kosinski, un habitué du milieu des collectionneurs, ne seront finalement pas jugés pour avoir acquis et tenté de revendre ces manuscrits aux enchères.
Reste à savoir si Don Henley et son équipe parviendront à faire valoir leurs droits et à obtenir gain de cause devant les juridictions civiles. Cette affaire met en lumière les enjeux de la propriété intellectuelle et de la préservation du patrimoine artistique, ainsi que les difficultés à faire respecter ces droits face aux pratiques parfois troubles du marché des collectionneurs.