Il y a quinze ans cette semaine, le réalisateur Christopher Nolan sortait un film qui est aujourd’hui considéré comme le meilleur film d’adaptationde comics à ce jour : The Dark Knight.
Ce blockbuster hollywoodien a su répondre aux attentes médiatiques en proposant une expérience cinématographique exceptionnelle qui n’a fait que gagner en intensité avec le temps.

Tous les éléments de ce film fonctionnent parfaitement ensemble. La réalisation précise de Nolan, la partition puissante de Hans Zimmer et James Newton Howard, les séquences d’action spectaculaires et les thèmes psychologiques captivants, ainsi que la dynamique entre le héros et le méchant, tout contribue à l’éblouissante réussite de The Dark Knight, même plus de dix ans après sa sortie initiale.

Bien sûr, on se souvient tous de la performance incroyable de Heath Ledger dans le rôle du Joker, qui lui a valu un Oscar. L’acteur décédé a su voler la vedette dans chacune de ses scènes et a redéfini le personnage emblématique pour l’ère moderne. Malgré les autres interprétations du Joker qui ont également été saluées, celle de Ledger reste la plus mémorable. Ce prince clown de Gotham est rusé, cruel et complètement irrationnel. On ne peut pas détacher les yeux de lui.

Pourtant, toutes ces années plus tard, je ne peux m’empêcher d’être émerveillé par la performance de Christian Bale dans le rôle de Bruce Wayne / Batman. Son interprétation est suffisamment forte pour mériter une reconnaissance à part entière. Face au Joker excentrique de Ledger, la représentation de Bale est calme, réservée mais émotionnellement puissante. Il communique tant de choses, même sous ce costume encombrant. Une inclinaison de tête ici, une expression perçante là, tout est fait pour offrir l’une des performances les plus injustement négligées des deux dernières décennies.

Ironiquement, Bale remportera plus tard un Oscar pour son rôle dans The Fighter, où il incarne un personnage plus voyant aux côtés de Mark Wahlberg. Wahlberg, lui aussi, a été ignoré pour sa performance silencieuse mais efficace, car l’Académie semble détester la subtilité.

Et c’est bien là le cœur du jeu : la subtilité. Le Bruce Wayne de Bale cache des démons qui continuent de le tourmenter. On le voit dans ses yeux, dans la façon dont il affiche un sourire faux à la Patrick Bateman lorsqu’il assiste à des soirées décadentes, dans la façon dont il jette une coupe de champagne d’un balcon après avoir prononcé un discours devant une salle pleine d’invités, dans la façon dont il observe silencieusement le Joker et essaie désespérément de calculer son prochain mouvement. Dans cette scène, il interroge Sal Maroni, mais n’obtient aucune information, ce qui le frustre presque.

À un moment donné, le Joker appelle une station d’information et menace de tuer Coleman Reese lors d’une émission télévisée en direct. Nolan nous montre alors Bruce, regardant le cauchemar se dérouler, son visage affichant presque du mépris. Calmement, il écoute les demandes du Joker avant de se lever, d’ajuster sa veste et de se mettre au travail. Encore une fois, son jeu est subtil, mais on comprend les épreuves auxquelles cet homme pauvre est confronté : un méchant qu’il ne comprend pas, la perte de son amie Rachel et le poids de Gotham City sur ses épaules.

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En tant que Batman, il est encore plus en conflit. Le Chevalier Noir semble s’ennuyer lorsque nous le voyons pour la première fois, lors d’une séquence impliquant l’Épouvantail au début du film. Il saisit chaque occasion de se débarrasser des criminels lors de la spectaculaire scène de Hong Kong, réalisant sans effort l’opération et capturant Lau. Aucun sentiment de plaisir ou de satisfaction ne se dégage des actions de Batman. Il essaie simplement de résoudre les problèmes pour pouvoir continuer sa vie.

À la fin du film, cependant, Batman boite jusqu’à sa moto, fatigué et brisé, mais fidèle à la vie qu’il a choisie. Lorsque Harvey lui demande pourquoi il était le seul à tout perdre, Bruce rompt momentanément son personnage et murmure, principalement à lui-même : “Ce n’était pas le cas”. C’est déchirant.

Plus tôt, après avoir capturé le Joker, Batman exprime comment Gotham a montré sa volonté de croire en quelque chose de bien. En réponse, le clown remarque : “Jusqu’à ce que leur esprit soit complètement brisé”. Batman se penche, épuisé, peut-être découragé par le refus de son adversaire de reconnaître la raison. Ce geste subtil contraste fortement avec la nature féroce de Ledger. Batman aspire à trouver une raison de continuer la lutte, une fin à la façade, et Bale dépeint habilement la détermination inébranlable du personnage tout en révélant progressivement une pointe de vulnérabilité. Même lui ne sait pas comment cette histoire va se dérouler.

J’apprécie également la scène d’interrogatoire classique où nous voyons Batman pour la première fois après que le Joker ait révélé que Rachel et Harvey sont sur le point de mourir. Il faut tout le self-control de Batman pour ne pas réduire son ennemi en bouillie. On ressent la rage, la douleur, l’angoisse et la frustration. Ledger reçoit à juste titre des éloges pour sa performance époustouflante ici, mais elle ne serait pas aussi efficace si Bale ne frappait pas toutes les bonnes notes.

J’apprécie la subtilité tranquille dans la représentation de Batman par Bale. Il est facile d’oublier à quel point l’acteur était le choix parfait pour ce rôle. Sans lui, The Dark Knight ne serait pas ce qu’il est. Il incarne le chaos à l’écran et contribue à élever un grand film au rang de classique.

christian bale

Curieusement, Bale a récemment exprimé sa déception face à sa performance, déclarant à Yahoo.com :

Je n’ai pas tout à fait réussi ce que j’espérais tout au long de la trilogie. Chris l’a fait, mais je suis là en me disant : ‘Je n’ai pas tout à fait réussi’

Il a ajouté :

“Heath est arrivé et a en quelque sorte complètement ruiné tous mes plans. Parce que je me suis dit : Il est tellement plus intéressant que moi et ce que je fais’

C’est absurde. Bale est fascinant en tant que The Dark Knight et l’une des principales raisons pour lesquelles ce film continue de faire sensation 15 ans plus tard. C’est un chef-d’œuvre.

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