L’année 2024 s’annonçait pourtant comme un excellent cru pour le cinéma, notamment pour la science-fiction. Entre la suite très attendue de Dune réalisée par Denis Villeneuve et le nouveau volet de la saga La Planète des singes, les fans du genre étaient aux anges. Malheureusement, tous les films ne peuvent pas être au niveau de ces mastodontes. La preuve avec Megamind vs. the Doom Syndicate, la suite du film d’animation Megamind sorti en 2010, qui fait l’unanimité contre lui. Retour sur cet échec cinglant.
Megamind 2 : un ratage complet
Sorti le 1er mars dernier directement sur la plateforme de streaming Peacock, Megamind vs. the Doom Syndicate n’a clairement pas fait l’événement. Il faut dire que les signes avant-coureurs n’étaient pas très encourageants.
Déjà, le film a été annoncé seulement un mois avant sa diffusion, ce qui est généralement mauvais signe. Ensuite, on apprenait que la distribution vocale originale ne serait pas de retour.
Will Ferrell, qui prêtait sa voix au personnage principal dans le premier opus, a ainsi été remplacé par le comédien de doublage Keith Ferguson. Tina Fey et Brad Pitt ne sont pas non plus de la partie.
Des changements qui n’ont pas manqué de faire grincer des dents les fans de la première heure. Pire encore, les premières images ont rapidement confirmé les craintes : l’animation semble avoir été réalisée avec un budget réduit et n’est clairement pas au niveau d’un long-métrage pour le cinéma.
Sans surprise, les critiques n’ont pas été tendres avec le film. Sur le site agrégateur Rotten Tomatoes, il atteint le score catastrophique de 10% d’avis positifs. Les spectateurs ne sont pas plus convaincus avec une note moyenne de 0,5/5. Beaucoup pointent du doigt le scénario faible et sans saveur, très loin de l’humour décalé qui faisait le charme du premier volet.
Le triste destin des suites d’animation
Le cas de Megamind 2 est malheureusement loin d’être isolé dans le monde de l’animation. On se souvient par exemple de la déception provoquée par Pacific Rim : The Black en 2021, série dérivée des films de Guillermo del Toro, ou encore de Mulan 2 sorti directement en DVD en 2005.
Le souci, c’est que bien souvent, les studios misent tout sur la nostalgie des fans pour produire des suites à moindre coût. Sauf que l’animation, peut-être encore plus que la prise de vues réelles, nécessite des moyens conséquents pour offrir un rendu de qualité. Quand on voit le niveau atteint par des films comme Spider-Man : Across the Spider-Verse ou le dernier Pixar Élémentaire, difficile d’être indulgent avec des productions au rabais.
Un autre écueil récurrent, c’est le temps qui s’écoule entre deux volets. Si 3 ou 4 ans paraissent raisonnables pour proposer une suite qui capitalise sur le succès du premier film, au-delà, l’exercice devient périlleux.
14 ans après la sortie de Megamind, on peut légitimement se demander qui attendait vraiment ce sequel. Les enfants qui avaient apprécié le long-métrage original ont grandi, et le grand public a eu largement le temps d’oublier ce super-vilain bleu un brin loser.
Une franchise gâchée pour DreamWorks
En seulement quelques jours, Megamind vs. the Doom Syndicate a réussi l’exploit de gâcher tout le capital sympathie de la franchise. Les fans de la première heure sont déçus, et ceux qui découvrent cet univers avec ce second volet risquent bien de passer leur chemin directement.
Pourtant, le film de 2010 laissait entrevoir de belles perspectives. Certes, il n’avait pas cartonné au box-office avec « seulement » 321 millions de dollars de recettes dans le monde. Un score un peu limite pour une superproduction animée à l’époque.
Les critiques avaient été plutôt bonnes malgré tout, et le bouche-à-oreille avait bien fonctionné par la suite. Avec le recul, on se dit que DreamWorks aurait pu avoir le même succès sur la longueur qu’avec des licences comme Shrek ou Kung Fu Panda s’ils s’y étaient pris plus intelligemment. Imaginez une trilogie avec une vraie montée en puissance, des enjeux plus importants à chaque épisode et une réalisation au niveau des standards actuels du studio. Le potentiel était là, mais les choix de production douteux auront eu raison de l’avenir de la franchise.