La première saison de ‘Silo’ vient de se terminer, laissant le public choqué et prêt à découvrir de nouvelles histoires dans cet univers mystérieux. Une fois de plus, Apple TV+ a prouvé qu’il pouvait rivaliser avec d’autres plateformes de streaming, non seulement en proposant des comédies réconfortantes, mais aussi en créant des productions plus complexes et ambitieuses. ‘Silo’ est un tour de force d’écriture et un mélange de genres variés (de la science-fiction au drame criminel). De plus, il s’agit d’une série destinée non seulement aux amateurs de science-fiction de qualité, mais essentiellement à tous ceux qui souhaitent plonger dans un concept intrigant, apocalyptique et irrésistible.

Rien de surprenant dans le dévoilement du méchant de la saison 1 de ‘Silo’

Écoutez : il n’y a aucune force au monde qui pourrait convaincre le public de ‘Silo’ que le dévoilement du méchant interprété par Tim Robbins était réellement surprenant et inattendu. Dans ‘Silo’, nous rencontrons son personnage Bernard pour la première fois dans le premier épisode, qui raconte l’histoire d’Allison, interprétée par Rashida Jones, qui tente de découvrir la vérité sur le but de l’institution. Il est le responsable strict du département informatique et une personne entourée de mystère : nous ne savons absolument rien de lui, ce qui constitue le premier signe indiquant des projets encore plus importants pour lui dans le récit.

Lorsque trois années se sont écoulées, nous retrouvons Bernard, cette fois-ci du point de vue du shérif Juliette Nichols, jouée par Rebecca Ferguson, alors qu’elle enquête sur les décès de ses collègues. On a l’impression que Bernard est du côté de Juliette, bien qu’il soit difficile de deviner quelles sont ses véritables intentions. ‘Silo’ utilise délibérément l’apparition de Bernard aussi rarement que possible (un autre « signe avant-coureur ») pour que le spectateur oublie immédiatement que son personnage pourrait jouer un rôle plus important et précis dans cette intrigue complexe. Plus important encore, Robbins n’est pas largement connu en tant qu’acteur de télévision, et c’est pourquoi le voir dans une superproduction telle que ‘Silo’ d’Apple TV+ est plutôt inhabituel. On ne peut pas croire que l’embauche d’un acteur de classe S pour le rôle d’un simple travailleur informatique (sans plus d’importance) se soit délibérément produite ! La renommée de Robbins confirme notre première impression selon laquelle son rôle est quelque peu plus central que ce que l’histoire de ‘Silo’ laissait entendre à l’origine. Il n’aurait aucun sens de choisir Robbins pour jouer simplement un citoyen sans importance de ‘Silo’ et ensuite mettre son nom au générique d’ouverture de la série. On a l’impression qu’Apple TV+ a sabordé sa propre idée en se conformant simplement aux règles principales de l’entreprise.

De plus, dès le début de la série, nous avons pu percevoir que le personnage complexe et plutôt impitoyable de Common, Sims, était un choix trop évident pour être le véritable méchant de ‘Silo’ ; il a même une aura de bras droit, qui exécute des tâches confiées sans réfléchir davantage. On a l’impression que son personnage, parfois trop dur et irritable pour être le cerveau derrière tout le système (contrôlé par le mystérieux Judicial), a été écrit trop paresseusement comme un faux-semblant. Parfois, c’est la colère, pas l’habileté, qui sert de principal soutien à ses méthodes. D’un côté, son (anti)héros a la possibilité de changer de camp dans son conflit, car nous découvrons certaines de ses actions justes (Sims est un bon père, et il garde Gloria en vie). D’un autre côté, un spectateur attendant des rebondissements intelligents et inattendus pourrait argumenter que la présence de Sims est un dispositif narratif typique et cliché visant à détourner nos soupçons de Bernard et de ses intrigues cachées.

Il est évident que Sims est une autre pièce du jeu qui cache l’identité de son employeur et qui agit comme son « ombre ». Et alors que la série tue rapidement ses personnages bien-aimés, l’un des derniers joueurs restants dans le sinistre jeu de ‘Silo’ est en réalité Bernard. Il n’y a en fait aucun autre personnage qui puisse être considéré (même pour un certain temps) comme le véritable cerveau, un architecte sinistre derrière tous les événements de la série. Lorsque le juge Meadows dit à notre shérif qu’elle a peur de quelqu’un d’autre, nous savons que ce n’est pas Sims. De plus, il n’y a qu’une seule autre personne avec qui Meadows est constamment en contact (et qui, de temps en temps, apparaît à l’écran en tant qu’administrateur informatique inoffensif et non envahissant). C’est le secret ouvert de la série que Bernard admettra finalement être celui qui protège les règles et les réglementations de ‘Silo’, de sorte que nous commençons instantanément à croire qu’il pourrait y avoir une solution de l’intrigue plus tordue préparée juste au coin de la rue. Il suffit de dire que rien de tel ne se produit jamais : il y a trop de signaux d’alarme sur la route de la série.

A lire  "Breaking Bad : Une série incontournable pour les amateurs de drame criminel"

Que peut apprendre la saison 2 de ‘Silo’ de ce dévoilement ?

Bien sûr, il n’y a rien de particulièrement faux à choisir Robbins comme l’antagoniste principal de la série (tout au long de sa carrière, Robbins a prouvé qu’il pouvait jouer des personnages plus ambigus et moins évidents), mais nous devons repenser la manière dont des séries comme ‘Silo’ vont planifier leur publicité à l’avenir. Comme il est maintenant évident, la série a annoncé son rôle double, non seulement par sa présence à l’écran et son attitude équivoque envers le shérif Nichols. Même avant la première de la première saison, nous avons pu repérer Robbins sur l’affiche officielle de la série : après Rebecca Ferguson, sa silhouette est la plus remarquable (elle est plus grande par rapport aux autres héros plutôt diminutifs). Cela semble être une surinterprétation, mais c’est l’affiche de ‘Silo’ qui nous a donné le tout premier indice.

Un tel petit détail est une conséquence de la présence de Robbins en tant que star (le voir encourage les cinéphiles à regarder ‘Silo’), mais cela implique également que son rôle va être beaucoup plus important que ce que l’on avait prévu après avoir regardé les premiers épisodes de la série. Cela étant dit, si les scénaristes préparent une telle révélation basée sur le suspense et le récit néo-noir, il semblerait très judicieux de soit recaster un tel personnage pour quelqu’un de plus inconnu (et donner à Robbins un autre personnage tout aussi fascinant), soit, au contraire, changer la façon dont ils promeuvent son apparition. ‘Silo’ fait tout son possible pour choquer son public avec la véritable identité de Bernard, mais leur tentative est involontairement étouffée dans l’œuf par la publicité non dissimulée de la série.

‘Silo’ a déjà été renouvelé pour une deuxième saison, et il reste encore beaucoup de matériaux de recherche (les sources littéraires de ‘Silo’) en attente dans la salle des scénaristes, donc la série acclamée par la critique, imprégnée de son mystère à combustion lente, ne se terminera pas avec ce dernier rebondissement choquant. Cependant, cela ne change pas le fait que les scénaristes (ainsi que les producteurs responsables de la publicité principale) devraient immédiatement modifier leur programme s’ils veulent offrir d’autres rebondissements de l’intrigue ou introduire d’autres personnages ambivalents. Et oui, ‘Silo’ est une série sur le renversement d’un système dysfonctionnel, mais cette anti-utopie est créée purement par des personnes. Ainsi, si les scénaristes cherchent à nous choquer avec les héros inoubliables de la série et, surtout, les méchants, ils doivent commencer par les rendre moins biaisés, avec des tropes de caractère, des intentions et des croyances moins évidents.

5/5 - (23 votes)