Le Bleu du caftan, un film nécessaire pour ouvrir le débat sur l’homosexualité au Maroc, raconte l’histoire de Halim et Mina, un couple qui gère un magasin traditionnel de caftans dans la médina de Salé. Halim porte un secret depuis longtemps, celui de son homosexualité qu’il a appris à taire. La maladie de Mina et l’arrivée d’un jeune apprenti vont bouleverser cet équilibre. Unis dans leur amour, chacun va aider l’autre à affronter ses peurs.
Récompensé à Cannes (Un Certain Regard) et aux festivals de Marrakech et d’Angoulême, le film a été réalisé par Maryam Touzani et coécrit avec Nabil Ayouch. La force du film repose sur un scénario fin et une interprétation juste du trio qui compose le film : Saleh Bakri, Lubna Azabal et Ayoub Missioui.
Le Bleu du caftan aborde avec pudeur et justesse le tabou de l’homosexualité au Maroc. À l’image du tissu du caftan qui donne son titre au film, l’œuvre est très délicate, douce et prend le temps de nous dévoiler les personnages progressivement. Des scènes fortes se dégagent du film, notamment cette scène de chorégraphie de deux pieds, dont nous ne dirons rien de plus.
Maryam Touzani, scénariste et réalisatrice, a expliqué lors d’une interview avec AlloCiné que raconter cette histoire était pour elle une nécessité : « Le déclencheur de l’écriture a été la rencontre avec un homme dans la médina pendant que je faisais les repérages de mon dernier film. Cet homme a réveillé en moi des souvenirs d’enfance, d’adolescence, d’hommes que j’avais connus, d’histoires que j’avais entendues à demi mots, mais jamais incarnées. »
À travers cette rencontre, Maryam Touzani a compris des choses et cela l’a bouleversée : « J’ai ressenti le besoin d’écrire cette histoire, de raconter ce personnage qui vit dans le non-dit, dans un conflit permanent entre qui il est et qui il doit prétendre être, qui doit toujours garder cette façade pour la société, pour continuer à vivre normalement. C’est quelque chose qui peut être tellement violent par moment. Et en même temps, on peut s’habituer, on peut trouver un semblant de bonheur là-dedans, parce qu’on n’a pas le choix. »
La cinéaste a également expliqué qu’il était important de trouver le bon acteur pour incarner le personnage d’Halim. Elle a choisi Saleh Bakri car il était comme le personnage qu’elle avait imaginé : « Il a une espèce de force tranquille dans le film. Je trouvais qu’il y avait quelque chose de très expressif dans son regard, dans sa manière d’être qui était déjà là. J’avais envie d’explorer davantage pour ce personnage. »