Dans les coulisses de Dune : Deuxième Partie, on apprend que la séquence en noir et blanc située sur la planète des Harkonnen a failli passer à la trappe. Le studio, dérouté par ce parti pris visuel radical, souhaitait initialement la couper au montage. Mais le réalisateur Denis Villeneuve et son directeur de la photographie Greig Fraser ont tenu bon, convaincus par leur audace créative. Retour sur un moment de bravoure qui a bien failli ne jamais voir le jour.

Dune 2 : un blockbuster singulier et ambitieux

Sorti en février 2024, Dune : Deuxième Partie s’est imposé comme l’un des grands événements cinéma de l’année.

Cette suite très attendue, portée par Timothée Chalamet et Zendaya, a séduit la critique et le public par son ampleur épique, sa densité narrative et sa maîtrise formelle. En récoltant plus de 708 millions de dollars de recettes mondiales, le film confirme le succès de cette adaptation ambitieuse de l’œuvre de Frank Herbert.

Une scène en noir et blanc qui détonne

L’une des séquences les plus marquantes du film prend place sur Giedi Prime, la planète des Harkonnen. On y découvre un combat en arène opposant le terrible Feyd-Rautha, joué par Austin Butler, à trois guerriers Fremen. Mais ce qui frappe d’emblée, c’est l’esthétique unique de la scène, intégralement en noir et blanc mêlé d’infrarouges.

Un choix fort et sans précédent pour un blockbuster de cette envergure, porté par le directeur photo Greig Fraser. Ce dernier avait déjà expérimenté cette technique à plus petite échelle dans Rogue One et Zero Dark Thirty. Mais la radicalité du rendu a de quoi surprendre pour un public non averti. Ce qui n’a pas manqué d’inquiéter les producteurs du film.

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Les doutes du studio sur cette audace visuelle

Comme l’a récemment confié Greig Fraser, cette scène en noir et blanc a suscité l’incompréhension des dirigeants de Warner Bros. Ces derniers craignaient que le public soit trop dérouté par ce violent changement de style en plein milieu du film.

Des appels paniqués auraient été passés en cours de production pour demander à revenir sur ce choix :

“On peut réparer ça ? On peut régler ça en post-production ? On peut ajouter de la couleur ?”

Mais l’équipe créative est restée inflexible, argumentant qu’il n’était pas possible de faire machine arrière sur ce parti pris fort. Un choix cornélien et périlleux, comme l’explique Fraser :

“Tous les choix qu’on fait sur un film, on peut plus ou moins trouver un moyen de revenir en arrière […] Cette scène nous a laissés fragiles, au sens propre et figuré, parce qu’il n’y avait aucun moyen de changer ça à posteriori. Si ça avait été une mauvaise idée on n’aurait rien pu changer.”

Le pouvoir de l’instinct créatif

C’est donc leur intuition artistique qui a guidé Villeneuve et Fraser, envers et contre la frilosité du studio. Un pari osé mais payant, qui sublime l’arrivée inquiétante du baron Harkonnen et de ses sbires.

Cette esthétique crépusculaire, entre La Liste de Schindler et Sin City, magnifie la noirceur de ces êtres maléfiques, par contraste avec les couleurs chaudes d’Arrakis.

Une audace créative qu’on espère retrouver dans le très attendu Dune 3, qui devrait voir le jour avec le même tandem aux commandes. En attendant, cette anecdote prouve que les meilleures idées naissent souvent quand on ose s’affranchir des conventions. Et que c’est en écoutant son cœur, et non la raison, que l’on crée les œuvres les plus mémorables.

 

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